Comme beaucoup de créatures de films d’horreur, elles sont d’un vert étincelant, vaguement hypnotisant. Communément appelées «laitues de mer», ces algues vertes déferlent sur les côtes ouest de l’Hexagone, en particulier sur les plages du littoral en Bretagne, et peuvent causer la mort en quelques minutes. Cela fait plus de trente ans qu’elles prolifèrent dans cette région, et toutes les sonnettes d’alarme ont déjà été tirées. Ce scandale sanitaire franco-français a eu droit vendredi à un rapport particulièrement sévère de la Cour des comptes, qui dénonce un échec flagrant de la réglementation. Car malgré les efforts du lobby agroalimentaire pour fuir toute responsabilité, l’impact nocif de ce fléau sur le vivant n’est pas contestable.
Le schéma est simple : la fertilisation excessive de tous les terrains agricoles génère de l’azote. Quand il pleut, ce qui peut arriver en Bretagne, cet azote atterrit dans les petites rivières qui se jettent ensuite dans la mer et font le bonheur des algues primitives, dont ces maudites ulva armoricana, le nom de l’espèce. Les objectifs de concentration en nitrate fixés par les nouvelles réglementations n’ont pas été respectés, et l’ambition initiale de réduire de moitié la biomasse algale d’ici à 2027, qui vise à répondre à l’exigence de la directive européenne cadre sur l’eau, n’a aucune ch…