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Retrouvez l'article sur le site de Ouest France Agriculture. Un futur moins carné : quelles seront les conséquences ?

Alors que les experts attendent une réduction de 30 à 50 % du cheptel français d’ici à 2050, cette baisse aura des conséquences marquées sur l’emploi comme sur l’environnement.

Politiques de lutte contre le réchauffement climatique, changements de régimes alimentaires, ou manque de transmission des exploitations : le cheptel français devrait baisser dans les prochaines années. La Stratégie nationale bas carbone (SNBC), la réglementation qui fixe depuis 2018 nos trajectoires d’émissions, anticipe même cette réduction. Pour diminuer de 46 % les émissions de gaz à effet de serre du secteur agricole entre 2015 et 2050, le nombre de vaches laitières est attendu en baisse de 25 % et de truies de 30 %

L’Ouest dans le viseur

Reste à savoir quels animaux viser en priorité. De l’amont à l’aval, la filière bovine demeure selon le Citepa la plus émettrice, avec 52 Mt de CO2e, contre 3,8 Mt de CO2e pour les porcins ou 3,2 Mt de CO2e pour la volaille. Mais ces calculs prennent en compte uniquement les gaz à effet de serre émis sur le sol français. Il faut traiter la question des gaz à effet de serre importés​, défend Cyrielle Denhartigh, responsable agriculture au sein du Réseau action climat (Rac), évoquant le soja importé utilisé dans l’alimentation des porcs et poulets français.

Dans une France où l’élevage se concentre progressivement dans l’Ouest, les experts alertent sur la répartition géographique de cette baisse. Comme le résume Pierre-Marie Aubert, coordinateur de l’initiative Agriculture européenne au sein de l’Iddri : Soit on décarbone l’agriculture en poursuivant la logique de spécialisation des territoires, et en retirant les animaux partout ailleurs qu’en Bretagne et en Pays de la Loire ; soit on accompagne une déspécialisation. ​Deux scénarios qui, poursuit-il, ont des effets très contrastés sur l’emploi et la biodiversité​.

Côté emploi, une réduction brute de 50 % des volumes de lait, de viande et d’œufs reviendrait à priver d’emploi la moitié des 882 000 personnes qui dépendaient de l’élevage en 2015. Pour l’Iddri, un scénario de relocalisation de l’industrie agroalimentaire permettrait cependant de maintenir 5 200 emplois par rapport à la tendance. Notamment dans des exploitations de taille moins importante, plus intensives en main-d’œuvre​, selon Pierre-Marie Aubert.

Souveraineté alimentaire

Pour les experts, la baisse de l’élevage ne conduira en revanche pas forcément à l’enfrichement des zones de pâturage non labourable. Dans notre scénario Afterres, comme nous extensifions les ruminants, il peut y avoir une faible reforestation des prairies naturelles, mais ce n’est pas significatif​, précise Sylvain Doublet chez Solagro. Comme il le rappelle, dans le scénario de son organisation, comme celui de l’Iddri, les surfaces libérées par la baisse du cheptel sont avant tout utilisées pour faciliter l’adoption de pratiques écologiques, la plantation de haies, et le développement des légumineuses.

Si les questions demeurent nombreuses, la baisse est déjà à l’œuvre dans certaines filières. Comme le rappelle l’Institut de l’élevage (Idele), la France aurait par exemple déjà perdu près de 5 % de ses vaches laitières entre 2015 et 2019. De même en porcs, le nombre de truies aurait baissé de près de 19 % entre 2010 et 2020, en reculant sous la barre du million de bêtes, selon les chiffres de FranceAgriMer publiés début février 2020.

Pourtant, au sein du cabinet du ministre de l’Agriculture, on assure que Julien Denormandie espère maintenir les cheptels au nom de la souveraineté alimentaire​. Tout en reconnaissant que la réduction des cheptels participerait, de fait, à l’atteinte des objectifs de réduction des gaz à effet de serre.

© Ouest France

Admin2 07 février 2022 11:37

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